Introduction

Elle correspond à la portion intra-oculaire du nerf optique (figure n° 1). Elle est le lieu de convergence des axones des cellules ganglionnaires de la rétine. Ces axones sont non myélinisés dans la partie rétinienne. C’est le point de départ de la voie optique. Elle occupe le canal scléro-choroïdien jusqu’à la lame criblée où commence le nerf optique proprement dit. C’est aussi le carrefour d’épanouissement des vaisseaux rétiniens.

Situation, dimensions et description

La papille est située au pôle postérieur du globe oculaire à :

• 2,5 mm en dedans du méridien vertical ;
  
• 1,5 mm en bas du méridien horizontal ;
  
• 4 mm en dedans et 0,6 mm en haut du centre de la fovéa ;
  
• 27 mm du limbe scléro-cornéen nasal ;
  
• 31 mm du limbe scléro-cornéen temporal.

Son diamètre est de 1,5 mm. Son épaisseur est de quelques dixièmes de mm. Elle apparaît de face comme un disque circulaire ou ovalaire à grand axe vertical. La circonférence du disque est en rapport avec les parois du canal scléral. La face antérieure est creusée en son centre par l’excavation physiologique et est en rapport avec le vitré. La face postérieure convexe en arrière est constituée par la lame criblée.

Rapports extrinsèques

Les bords

Canal choroïdo-scléral

Il correspond aux rapports immédiats de la papille.
Le disque papillaire est limité par le canal choroïdo-scléral. C’est un conduit long de 0,8 mm oblique en avant et en dehors. Il a le plus souvent la forme d’un cône tronqué à sommet antérieur (1,5 mm en avant et 3,5 mm en arrière). Les différentes orientations du canal entraînent des modifications de forme de la papille. Ce canal est constitué par les membranes oculaires :

• La rétine
  Elle se termine en cône, les couches internes disparaissent avant les couches externes. Elle n’atteint pas le plan du canal scléral, seul l’épithélium pigmenté peut quelquefois atteindre le canal formant un anneau pigmenté plus ou moins complet.
  
• La choroïde
  Elle se termine également à distance. La zone de sclère visible entre la terminaison de la choroïde et le bord papillaire forme un croissant blanc péripapillaire visible à l’ophtalmoscope.
  
• La sclérotique
  Elle forme un éperon dense qui s’insinue entre la choroïde et les fibres nerveuses. La choroïde et la sclérotique sont séparées des fibres ner­veuses par un tissu fibreux (tissu bordant d’Elschnig).

Les gaines méningées du nerf optique

Elles correspondent aux rapports plus à distance de la papille.

• L’arachnoïde
  Elle s’arrête à la lame criblée.
  
• La pie-mère et la dure-mère
  Elles se perdent dans la sclère.

La papille est en rapport par l’intermédiaire du canal scléral avec le cercle artériel de Zinn-Haller.

La face antérieure

Elle est en rapport avec la hyaloïde du vitré (adhérence papillo-vitréenne). Il n’y a pas de limitante interne à ce niveau. Les fibres optiques pénètrent dans le canal en formant un entonnoir à pointe postérieure réalisant l’excavation.

La face postérieure

En arrière, la papille est limitée par la lame criblée. C’est un tamis transversal dont les orifices sont traversés par les fibres du nerf optique. Elle a une convexité postérieure. Son épaisseur est de 0,25 à 0,75 mm. Elle est formée de fibres collagènes et de fibres élastiques qui viennent des 2/3 antérieur de la sclère. C’est à partir de la lame criblée que les fibres se myélinisent, ce qui explique l’augmentation de volume du nerf. Elle délimite 3 régions : prélaminaire, laminaire et rétrolaminaire.

Rapports intrinsèques

Ils correspondent aux éléments qui traversent la papille (figure n° 2).

L’artère centrale de la rétine

Elle pénètre dans le nerf à environ 10 à 20 mm en arrière du pôle postérieur du globe. Elle traverse la lame criblée et émerge au fond de l’excavation en nasal de la veine puis se divise en 2 branches supérieure et inférieure qui se divisent chacune en branche nasale et temporale. Cette division peut se faire à l’intérieur du tronc du nerf ce qui explique les variations retrouvées à l’ophtalmoscopie.

La veine centrale de la rétine

Elle a dans le sens inverse la même disposition que l’artère. Ces deux éléments sont entourés dans le nerf optique d’une gaine fibreuse et de tissu glial réalisant une colonne sur laquelle s’appuient les fibres de la lame criblée.

L’artère cilio-rétinienne

Elle est inconstante. Ce sont des branches du cercle de Zinn-Haller qui traversent la papille selon un trajet en baïonnette. Elles émergent sur le bord temporal de la papille pour se diriger vers la rétine. Leur trajet est variable.

Vascularisation

Elle est l’objet de discussion.

La vascularisation artérielle

Elle a une double origine. L’artère centrale de la rétine donne :

• Des branches intraneurales dans le tronc du nerf de la région rétro laminaire ;
  
• Des branches superficielles dans le globe oculaire
  Elles se situent à la partie superficielle de la région prélaminaire.
  
• Des artères ciliaires postérieures courtes
  Elles proviennent de l’artère ophtalmique. Elles se distribuent à la choroïde :
  
  • Les artères ciliaires postérieures courtes distales
    Elles vont à la périphérie.
    
  • Les artères ciliaires postérieures courtes para-optiques
    Ce sont des branches centrifuges. Elles vont à la choroïde périphérique. Elles se distribuent à la tête du nerf optique directement (branches centripètes). Elles donnent des branches anastomotiques intrasclérales inconstantes qui forment le cercle anastomotique de Zinn-Haller (branches péri-optiques).
  
  
• Capillaires
  Ce sont plusieurs réseaux anastomosés tant sur le plan longitudinal que transversal.

La vascularisation veineuse

Les éléments veineux qui drainent l’œil et l’orbite sont :

• La veine centrale de la rétine ;
  
• Les veines choroïdiennes ;
  
• Les veines méningées ;
  
• Les veines orbitaires.

Systématisation

Au niveau de la papille

On trouve 4 quadrants centrés par la macula (figures n° 3, 4 & 5). Ils sont déterminés par les méridiens horizontaux et verticaux, passant par la macula.

• 2 quadrants nasaux
  Ils donnent les fibres croisées. Ce sont celles qui correspondent au stade archaïque du système visuel.
  
• 2 quadrants temporaux
  Ils donnent les fibres directes. Ce sont celles qui correspondent aux stades­ les plus récents du système visuel.
  De plus à la partie périphérique de la rétine nasale, un territoire en croissant à concavité externe répond au champ de la demi-lune temporale. C’est la seule zone monoculaire de la rétine.

Vers la papille convergent 3 sortes de fibres.

Fibres maculaires

Elles sont relativement directes (65 % des fibres rétiniennes). Elles occupent l’aire centrocœcale, dessinent le fuseau papillo-maculaire dont l’axe est légèrement oblique en bas et en dehors. Les fascicules maculaires nasaux sont axiaux par rapport aux fascicules maculaires temporaux qui les contournent ; les fascicules supérieurs étant au-dessus et inférieurs au-dessous.

Fibres temporales

Arciformes, elles circonscrivent le faisceau maculaire :

• Quadrant temporo-supérieur
  Elles correspondent à la partie supérieure de la papille (1/6 de la papille).
  
• Quadrant temporo-inférieur
  Elles correspondent à la partie inférieure de la papille (1/6 de la papille).

Fibres nasales

Les fibres internes
Elles sont Rectilignes et radiaires. Elles forment un large éventail à sommet papillaire.

Les fibres plus externes
Elles sont issues de la bande rétinienne limitée par les méridiens verticaux passant par le centre de la macula et le centre de la papille. Elles sont arciformes. Elles croisent les fibres temporales et les fibres ma­cu­laires. Elles pénètrent dans la papille à sa partie supéro-interne et inféro-interne.

Dans la papille

Elle découle de l’origine des fibres rétiniennes. Elle est sectorielle. Les axes principaux de la papille sont inclinés de 15 à 20° d’extorsion par suite de l’obliquité du faisceau maculaire.

Le faisceau maculaire

C’est le 1/3 temporal de la papille. Il est à base périphérique et s’étend en cône jusqu’au centre de la papille. Les deux faisceaux maculo-temporaux encadrent les faisceaux maculo-nasaux.

Les faisceaux périphériques temporaux

Supérieurs et inférieurs, ils contournent le faisceau maculaire et aboutissent respectivement à la partie supéro-externe et inféro-externe de la papille.
Les faisceaux périphériques nasaux
Ils occupent un vaste coin interne, le faisceau supérieur étant au-dessus du faisceau inférieur.

Les fibres de la demi-lune temporale

Elles occupent la bande la plus interne de la papille.

Conclusion

Les fibres des faisceaux périphériques nasaux et temporaux les plus cen­trales dans la rétine se retrouvent les plus centrales dans la papille. Le faisceau maculaire occupe une place importante en coin externe. Les faisceaux périphériques se placent eux aussi en coin. Les deux faisceaux supérieurs restent supérieurs, le temporal près de la macula, le nasal plus loin. La position est symétrique pour les faisceaux inférieurs.